Visite : La Samaritaine renaît avec les plus grands architectes et designers

La rédaction d'IDEAT a pu visiter en avant-première la Samaritaine avant son inauguration le 23 juin et vous livre ses premières impressions sur une rénovation très attendue !

Enfin… Après d’interminables procédures administratives, cinq années de travaux titanesques et une crise sanitaire, la Samaritaine ouvre enfin ses portes ce mercredi 23 juin 2021. Le grand magasin le plus central de Paris a retrouvé son lustre d’antan grâce aux nombreux architectes et designers mis à contribution par le groupe LVMH, qui l’a racheté en 2001 et fermé depuis 2005.

Les immeubles de la rue de Rivoli se mirent dans la façade de Sanaa.
Les immeubles de la rue de Rivoli se mirent dans la façade de Sanaa. DR

Si la superficie de vente (20 000 m2) est plus réduite qu’aux Galeries Lafayette ou au Bon Marché, la Samaritaine veut faire la différence par les produits proposés. Les grands noms du luxe et de la mode y côtoient des corners dédiés à des marques émergentes. Dans les deux bâtiments originels (l’un situé rue de Rivoli, l’autre côté Pont-Neuf), règnent des ambiances bien différentes.

Un must-see pour les fans d’architecture

Côté Rivoli, on découvre la spectaculaire façade signée des Japonais de Sanaa (Pritzker Prize 2010), également à la tête de la rénovation globale du bâtiment. Cette peau de verre ondule et reflète en les déformant les immeubles haussmanniens des alentours. À l’intérieur, sur deux étages, place à une mode version millenial, streetwear et décontractée dans des espaces aménagés avec le concours du collectif Ciguë. Ce dernier a parsemé les lieux de vestiaires haussmanniens déstructurés et de bancs évoquant les plots de béton que l’on trouve dans les rues de la capitale. A l’angle, une boulangerie Eric Kayser ouverte dès 7 heures du matin se dédouble à l’étage avec un bar à tapas baptisé Ernest dont la décoration est signée Constance Guisset.

L’espace mode côté Rivoli, imaginé par Ciguë.
L’espace mode côté Rivoli, imaginé par Ciguë. Mathieu Salvaing
Ernest, le bar à tapas de Constance Guisset.
Ernest, le bar à tapas de Constance Guisset.

Au premier toujours, l’espace dévolu à la galerie Perrotin présente un must-see pour les fans d’architecture et d’art contemporain : une statue en bois de Xavier Veilhan représentant Kazuyo Sejima de Sanaa. Pour aménager la transition entre les deux bâtiments, un patio/puits de lumière a été créé avec un café (pour admirer le travail des architectes de SANAA) et les Objets Nomades de Vuitton exposés au pied de l’escalator.

On pénètre ensuite côté Pont-Neuf. L’essentiel du bâtiment est occupé par le grand magasin qui y a installé ses marques les plus classiques. À la manœuvre, on trouve les décorateurs canadiens Yabu/Pushelberg, qui ont distillé un esprit de « luxe décontracté ». Les équipes du duo ont créé un cadre très respectueux de l’héritage du bâtiment. Les structures Eiffel ont été soigneusement préservées, l’escalier monumental démonté marche par marche pour être remis à neuf, le sol entièrement repensé avec, au rez-de-chaussée, un terrazzo qui évoque les pavés parisiens… Quant à l’identité graphique, elle a été revue dans un esprit (trop ?) rétro avec force mosaïques.

Les couleurs de l’année 2021 à La Samaritaine ?

Au rez-de-chaussée, se trouvent les accessoires, au 1er la mode femme, au 2e l’horlogerie et la joaillerie, au 3e la mode homme, au 4e les chaussures femme et au dernier étage, sous la spectaculaire verrière, un espace bar, restauration et événementiel de 1 000 m2 baptisé Voyage et confié au studio de Jean-Michel Wilmotte. Construite en 1907, la verrière est désormais équipée d’un filtre électro-chrome (qui se fonce quand la luminosité naturelle augmente) et bordée par la fresque Art nouveau entièrement restaurée de Francis Jourdain qui s’étend sur 115 mètres de long. Si dans ce bâtiment, le gris et le jaune sont omniprésents, cela n’a rien à voir avec les couleurs de l’année 2021 ! Les architectes ont retrouvé la teinte grise présente en 1910 lors de l’inauguration et l’ont rehaussée avec les feuilles de marronnier dorées qui parsèment les rambardes.

La verrière se teinte de bleu quand le soleil tape trop fort…
La verrière se teinte de bleu quand le soleil tape trop fort… Pascal Nivelet

Au sous-sol, l’immense espace beauté (3 400 m2, le plus grand d’Europe !) a été dessiné par Hubert de Malherbe dans un esprit Art nouveau 2021. L’architecte et designer a aménagé pour chaque marque un espace propre à son identité tout en s’intégrant dans un ensemble harmonieux. Le lieu est étonnamment lumineux, notamment grâce au sol qui mélange bois clair et mosaïque calepinée dans l’esprit des passages parisiens.

Le sol de l’espace beauté au sous-sol et son irrésistible mélange de matières.
Le sol de l’espace beauté au sous-sol et son irrésistible mélange de matières. Jean-Christophe Camuset

Manquent encore la dernière pièce du puzzle : l’hôtel Cheval Blanc qui occupe la partie la plus proche de la Seine et qui ouvrira ses portes début septembre dans le bâtiment Art nouveau repensé par l’architecte Edouard François. Ses chambres devraient toutes disposer d’une vue plongeante sur le Pont-Neuf, le plus vieux de Paris…

> La Samaritaine. 9, rue de la Monnaie, 75001 Paris. Ouvert 364 jours par an (sauf 1er mai), de 10 h à 20 h.

La fresque restaurée sous la verrière.
La fresque restaurée sous la verrière. Matthieu Salvaing
Le restaurant Voyages, imaginé par Jean-Michel Wilmotte.
Le restaurant Voyages, imaginé par Jean-Michel Wilmotte. Pascal Nivelet
Le patio permet d’inonder de lumière naturelle l’espace beautés signé Hubert de Malherbe.
Le patio permet d’inonder de lumière naturelle l’espace beautés signé Hubert de Malherbe. Wearecontents
L’escalier monumental a retrouvé sa superbe.
L’escalier monumental a retrouvé sa superbe. Wearecontents