Saint-Louis-lès-Bitche est une paisible bourgade de Moselle, dans l’Est de la France. Un village comme hors du temps, cerclé par les forêts vosgiennes. C’est ici que se dresse l’une des plus illustres manufactures françaises. Saint-Louis, c’est l’histoire d’une cristallerie dont l’origine remonte à la fin du XVIème siècle, plus précisément en 1586. Outre cet acte de naissance, deux dates sont à retenir. Tout d’abord 1767 avec la dénomination officielle de Verrerie Royale de Saint-Louis, par lettres patentes de Louis XV. Puis 1829, date à laquelle la manufacture (devenue en 1782 Cristallerie royale de Saint-Louis) va se consacrer exclusivement au travail du cristal. À noter que c’est à cette époque qu’apparaît le lien de Saint-Louis avec les arts de la table grâce à la naissance du modèle iconique Trianon. 

En lien avec la nature 

Saint-Louis est indissociable de la vallée de Münzthal. Si la maison s’est sédentarisée dans ce paysage aussi romantique que gothique, ce n’est pas vraiment un hasard. Trois éléments sont déterminants. Il y a tout d’abord les forêts vosgiennes, majestueuses mais surtout indispensables à l’alimentation des fours ; le sol gréseux qui permet l’exploitation de sable et enfin  la présence de fougères qui, grâce à la combustion des racines, donne la potasse, élément indispensable à la recette du cristal. Un trio d’ingrédients naturels, nécessaires dans la réalisation de pièces qui concernent aussi bien les arts de la table (verres, candélabres) que des éléments de décoration tels que des vases ou des lustres. De véritables œuvres d’art, à l’image de ce lustre en cristal de 200 lumières, réalisé en 2005 suite à une commande d’un prince arabe. 

Éventails de couleurs

Lorsque l’on pense aux teintes incontournables de Saint-Louis, une couleur vient spontanément en tête. Ce coloris, c’est évidemment le bleu roi. Mais il ne faut pas oublier le panel de nuances que l’on retrouve sur d’autres pièces. Ainsi, on peut admirer des créations en cristal clair, violet, vert chartreuse ou foncé, rouge, rose améthyste, ambre et gris flanelle. Si les couleurs sont importantes chez Saint-Louis, les tailles des verres font également partie du savoir-faire de la maison. La morphologie la plus emblématique est certainement la taille dite « diamant » dont les facettes jouent avec la lumière. Mais on parlera également des tailles « perles », « biseaux », « filets » et « étoiles ». Le comble du luxe ? Posséder une pièce qui reprend plusieurs de ces tailles comme l’incontournable modèle Tommy, crée en 1928 en l'honneur des soldats britanniques "tommies" et utilisé lors d’un dîner de légende, à la Galerie des Glaces du Château de Versailles, en l'honneur de reine Elisabeth et du roi Georges VI.

Pépinière de talents

Depuis 1995, Saint-Louis appartient au groupe Hermès. Deux noms associés au raffinement à la française et qui ne cessent de proposer des projets innovants. Preuve en est avec la collaboration entre Saint-Louis et certains designers qui revisitent de manière originale le travail dans l’univers du cristal. Ces dernières années, on a ainsi pu contempler les créations d’Éric Gizard, Ionna Vautrin, Paola Navone ou encore José Lévy. Des artistes dont l’inspiration va venir des forêts environnantes comme avec Noé Duchaufour-Lawrence (et sa collection « Folia ») ou des moules de la manufacture dans le cas de Kiki von Eijk (avec la série « Matrice »). Et bien évidemment, Saint-Louis ne serait pas vraiment Saint-Louis sans le talent de ces nombreux artisans, dont certains peuvent se targuer de figurer dans le classement des Meilleurs Ouvriers de France. Le prestige, un élément fondamental de Saint-Louis. Et cela n’a pas fini de durer.