Une citadelle contre la réalitéL’aventure démarra en 1962 ; l’homme, qui ne s’était pas particulièrement illustré jusque-là, se mit à s’intéresser à l’architecture et à son possible dialogue avec la nature, l’envisageant comme un ultime rempart pour lutter contre l’industrialisation qui venait peu à peu abîmer son paysage, celui de la vallée de la Limmat. Cette discipline lui fit abandonner la peinture qu’il avait sagement étudiée jusqu’ici, lui qui s’était un temps considéré comme l’héritier de Cézanne, pour donner forme à un monde nouveau ; ou plutôt à sa propre vision d’un monde idéal, parsemé de fantaisies.
Il raconta plus tard que c’est à l’âge le plus tendre, entre les murs de la maison de famille baroque, qu’il avait commencé à fantasmer son univers. Mais c’est à 30 ans, à partir de 1965, qu’il lui donne enfin forme, l’ancrant dans le réel en montant seul les premiers murs en béton de son atelier puis de son lieu de vie, avant de poursuivre vers le parc boisé, le jalonnant de sculptures comme une multitude d’hallucinations devenues, depuis, une succession d’attractions qui attirent aujourd’hui de nombreux touristes.