C’est ainsi que sur l’un de ces cailloux de granit rose aux portes de la Corse est apparu, en 1967, la Casa Rotonda, tour de force niché dans la roche par l’architecte et designeuse Cini Boeri. Vue du ciel, c’est un cercle blanc presque parfait ; vue du sentier qui la contourne, c’est une prouesse qui semble étreindre un site minéral sculpté par le vent, sous les yeux de la grande bleue. Son plan singulier, qui se déroule en un volume circulaire révélant deux secteurs distincts, est dicté par la forte pente du terrain. Le premier secteur est dédié à l’unité familiale, entre ses espaces privés et ses lieux de vie, le second est destiné aux invités. Au centre, un patio, protégé des vents, sert à la circulation de l’ensemble tandis que le volume sous cette surface abritée, partiellement inséré dans la roche, contient une citerne d’eau. Car la Casa Rotonda n’est pas une simple démonstration esthétique ; c’est une œuvre manifeste de l’architecte milanaise, révélant, s’il le fallait encore, que la forme doit suivre la fonction, que l’habitat doit s’adapter au cadre dans lequel il est bâti, et qu’aucun geste ne doit être inutile.